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l'écrivoire
30 septembre 2013

En retard... (partie 5 : le dialogue des objets)

Atelier du 13/03/2013

 

Environnement familier choisi : Le bureau / bibliothèque de la maison

 

PERSONNAGES : L’ÉCRIVAIN, L’OUVRAGE SAVANT, LE ROMAN DE GARE, LA BANDE-DESSINÉE, LA REVUE DE CHARME

 

L’homme arrive comme à son habitude à 14h00 dans sa bibliothèque, qui lui fait aussi office de bureau. C’est qu’il est écrivain, il a besoin de calme pour se concentrer. Il ne s’attendait pas à assister à la conversation qui va suivre…

 

LA BANDE-DESSINÉE : Hé les gars ! Ça y est, le voilà qui arrive. Vous croyez qu’il va réussir à écrire aujourd’hui ?

LE ROMAN DE GARE : Je sais pas, hier il a eu du mal à démarrer, mais il s’est bien repris ensuite.

LA REVUE DE CHARME : Ah ça, je confirme qu’il est lent au démarrage.

L’OUVRAGE SAVANT : Mais qui parle donc ?

LE ROMAN DE GARE : Je crois que c’est la revue porno qu’il a amené l’autre jour. Elle est sous le bureau. C’est la première fois que je l’entends.

L’OUVRAGE SAVANT : Répugnant…

LA BANDE-DESSINÉE : Au moins c’est graphique…

LA REVUE DE CHARME : Désolé, j’osais pas trop parler, c’est que je me sens pas trop dans mon élément ici… D’ordinaire je suis aux toilettes planquée sous la pile de Paris Match. Je sais pas ce que je fous là. Il avait peut-être besoin d’inspiration pour le personnage féminin ? Du coup, vous qui êtes là depuis longtemps, vous savez de quoi ça parle, ce qu’il écrit ?

LA BANDE-DESSINÉE : Ouais, c’est une sorte de roman policier, pour un éditeur célèbre… C’est pas révolutionnaire, mais c’est efficace. Pas assez imagé à mon goût.

LE ROMAN DE GARE : C’est génial !

L’OUVRAGE SAVANT : C’est pathétique.

LE ROMAN DE GARE : De toute façon, toi l’intello, y’a jamais rien qui te conviens.

L’OUVRAGE SAVANT : Enfin, soyons sérieux cinq minutes, le personnage principal n’a aucune profondeur…

LA REVUE DE CHARME : De la profondeur, c’est-à-dire ? Comme… euh… Enfin vous voyez quoi…

L’OUVRAGE SAVANT (soupire) : Mais non… Ce que je veux dire, c’est que toute fiction doit être un travestissement d’un fait réel qui doit conduire le lecteur à s’interroger sur l’état de la société dans laquelle il vit. Or là, rien. Et toi la revue, je ne veux pas t’entendre rebondir sur le mot « travestissement ».

LE ROMAN DE GARE : Quel snob celui-là ! Franchement, une bonne intrigue, une bonne romance, et hop ! Emballez, c’est pesé ! Regarde Agatha Christie, on peut cartonner sans refaire le monde toutes les cinq lignes.

LA BANDE-DESSINÉE : Moi, de toute façon je trouve que le roman est un genre qui s’étale trop. Il faut du cinématographique ! Mais vu comment il dessine… L’autre jour, il a essayé de croquer son personnage principal…

LA REVUE DE CHARME : Et ça ressemblait à quoi ?

L’OUVRAGE SAVANT : Un Bertrand du Guesclin de bas étage.

LA BANDE-DESSINÉE : Un schtroumpf.

LE ROMAN DE GARE : Un nabot quoi.

L’OUVRAGE SAVANT : Le problème c’est qu’il n’a pas de bonnes sources d’inspiration. Moi, il ne me feuillette jamais.

LA REVUE DE CHARME : Moi il me feuillette…

L’OUVRAGE SAVANT : Pas sûr que ça aide. Le roman de bas étage, lui aussi est fréquemment consulté. On voit le résultat.

LE ROMAN DE GARE (s’énervant) : C’est de moi qu’il parle, le Goncourt là ?

LA BANDE-DESSINÉE : Vous pouvez pas arrêter de vous engueuler cinq minutes oui ? C’est bien la peine de pas avoir d’oreilles… Moi je pense qu’il devrait s’essayer à autre chose. Je sais, de la science-fiction, du fantastique… Ça cartonne en BD !

LA REVUE DE CHARME : Ça cartonne ? Y’avait une blague là ?

L’OUVRAGE SAVANT : Bonne idée ! Du Edgard Allan Poe ! Du Isaac Asimov !

LE ROMAN DE GARE : Du George Lucas !

L’OUVRAGE SAVANT : Je rêve…

LA BANDE-DESSINÉE : Chuuut ! Attendez les gars, je crois qu’il allume la cheminée !

LE ROMAN DE GARE : Il a froid ? En été ?

L’OUVRAGE SAVANT : Non, je crois qu’il veut se débarrasser de vieux bouquins inutiles. Salut les bouseux, ce fut un plaisir.

 

L’ouvrage savant fut le premier à partir au bûcher. La revue fut épargnée, mais elle retourna sous les Paris Match.

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